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lundi 7 février 2011

en ligne: revue Transposition. Musique et sciences sociales, février 2011 1. Polyphonie et société




Présentation

Articles

  • Rachel Méegens

    La voix féminine dans les motets français à deux et trois voix du XIIIe siècle

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    La spécificité du motet, genre polyphonique représentatif du XIIIe siècle français, réside dans le principe de polytextualité sur lequel il se fonde : plusieurs textes y sont énoncés simultanément par les différentes voix. Le motet féminin intègre dans cette problématique la question du genre, en donnant la parole à des voix féminines seules, ou en interaction avec des voix masculines. Dans ce contexte, comment fonctionne la subjectivité du texte, et comment peut-elle être réinvestie par la voix de l’interprète ?
    En prolongement des travaux de Sylvia Huot et Mark Everist, nous interrogeons la polyphonie médiévale, sous la forme d’un corpus de motets féminins anonymes, non avec les outils de la musicologie, mais plutôt par à travers des notions de linguistique et d’anthropologie théâtrale, afin de définir un corps énonçant pour le motet féminin. La théorie d’Emile Benveniste, qui définit la subjectivité comme « la capacité du locuteur à se poser comme sujet », apparaît comme un moyen de questionner les notions d’énonciation et de focalisation dans le cadre de ce type de discours fictif, à plusieurs voix. Cette analyse, qui revient à proposer une interprétation prenant en compte l’intertextualité, permet d’établir une typologie de la locution dans le motet féminin, propre à mettre en évidence une conception médiévale des notions de personnage, de subjectivité et de théâtralité dans le motet. Les définir amène à poser la question de l’interprétation du motet dans la société médiévale, qui l’a façonné, et dans la nôtre, qui réinvesti cette forme à travers la pratique du concert.
  • Anthony Bergerault

    L’enseignement du contrepoint et de la fugue au Conservatoire de Paris (1858-1905)

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    Le propos est de restituer le projet pédagogique de ces disciplines et les conceptions du contrepoint et de la fugue que cela sous-tend en interrogeant les documents d’époque. Après avoir décrit l’organisation institutionnelle de l’enseignement, le contenu des ouvrages pédagogiques publiés par les professeurs du Conservatoire sera questionné afin d’appréhender la démarche adoptée pour la structuration de l’enseignement et la sélection du corpus de référence. L’analyse des fugues réalisées par les élèves eux-mêmes à l’occasion du concours annuel des prix permettra de saisir concrètement l’aboutissement de cette pédagogie. On pourra par la confrontation de ces sources tenter de comprendre le concept d’écriture contrapuntique tel qu’on l’envisage en France à cette époque.
  • Jaume Ayats, Anna Costal, Iris Gayete, Joaquim Rabaseda

    Polyphonies, Bodies and Rhetoric of senses : latin chants in Corsica and the Pyrenees

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    La polyphonie chantée instaure une situation communicative qui comprend plus d’éléments que le simple chant. Cet article propose d’aborder l’étude des polyphonies religieuses ainsi que l’analyse des autres éléments de perception qui y participent. La disposition des corps dans l’espace, la modulation de la lumière, l’odorat, le toucher, nous permettent de comprendre quelles sont les ressources mises en place en vue d’une expérimentation individuelle, sensible et corporelle, permettant l’adhésion, même fictive, à un groupe social.
    C’est le début d’une « rhétorique des sens » qui se développe dans des cadres rituels bien codifiés.
    Les études de l’Office des Ténèbres du mercredi Saint célébré par la confrérie de Sant’Antone de la ville de Calvi, et de l’office des Vêpres dans les Pyrénées catalanes, nous permettent d’observer, d’un côté, l’élaboration sensitive orientée par la logique rituelle, et, de l’autre, nous font comprendre l’objectif esthétique et social des polyphonies, de la « densité sonore » qui se construit comme un tissu de timbres, d’ornementations, d’intensités, de voix et d’individualités bien singularisées.
    Il se développe alors une rhétorique des sens et de la corporalité, la polyphonie chantée détenant un rôle décisif dans le processus qui vise à bâtir la communitas et à faire en sorte que l’individu accède à un temps particulier.
  • William M. Dabback

    “I Thought It Was Jazz” : Polyphonic Voices in Jazz, Modernism, and the Processes of Institutionalization

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    Cet article étudie les mouvements qui agitent le jazz au cours des années 1930 et 1940. Il se concentre sur les questions de prise de conscience du jazz face à l’émergence du bebop à l’issue de l’ère Swing. Sont également abordées les réalités sociales, musicales et économiques, dans leur rapport au modernisme. Cette étude s’appuie sur des entretiens réalisés avec des musiciens de jazz ayant travaillé durant cette période, ainsi que sur la littérature afférente. Il se confronte aux processus d’institutionnalisation, aux problèmes de révolution ou d’évolution du jazz, au rôle des médias au sein des processus de réception, ainsi qu’aux questions d’autonomie artistique et de commercialisation.
  • Beatrice Kobow

    The "Sound of Power" : Investigating Polyphone Actions and the Perception of Polyphony

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    Cet article aborde la polyphonie sous l’angle de la théorie de l’action et propose une comparaison entre deux domaines – la théorie de la musique et la théorie de l’action.
    La notion d’« action polyphone » se définit en tant que métaphore du phénomène de l’intentionnalité collective dans lequel elle décrit l’attitude des agents ainsi que leur action. Un modèle de « constructivisme pluriel » est suggéré comme conservant les prémisses de l’individualisme méthodique pour comprendre l’importance d’autrui dans la formation du soi. Il est aussi question ici de la normativité relative à la capacité à entendre la musique en général, et la polyphonie en particulier. La compréhension des structures polyphoniques reflète la capacité humaine à « faire ensemble » dans des cas proto-normatifs, mais également dans des cas déontologiques.
  • Marion Carel

    La polyphonie linguistique

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    Très utilisé en linguistique moderne, le terme « polyphonie » renvoie à des phénomènes que l’on peut classer en deux familles : ceux qui concernent l’allusion, par un unique énoncé, à plusieurs contenus ; et ceux qui concernent la présence de plusieurs instances énonçantes à l’intérieur de l’énonciation.
    Dans la première de ces deux acceptions, le terme « polyphonie » renvoie au cas où un locuteur fait volontairement entendre plusieurs contenus, sans qu’il lui soit possible de nier les avoir évoqués. Les deux grands phénomènes alors étudiés sont l’intertextualité (Bakhtine) et la présupposition (Ducrot). Dans le premier cas, la polyphonie est intertextuelle en ce sens que l’allusion à plusieurs contenus découle de ce que l’assemblage de mots fait allusion à un assemblage passé ; dans le second cas la polyphonie est sémantique en ce sens que l’allusion à plusieurs contenus est préfigurée dans la signification de la phrase énoncée. C’est la polyphonie sémantique qui est discutée dans la première partie de l’article.
    Second thème des études relatives à la polyphonie linguistique, la multiplicité des instances énonçantes est elle aussi abordée différemment dans les travaux inspirés de Bakhtine et dans ceux inaugurés par Ducrot. Lorsque la polyphonie est intertextuelle, la multiplicité des voix découle d’une multiplicité des responsabilités. Lorsque la polyphonie est sémantique, la multiplicité des instances énonçantes découle, non plus d’une multiplicité des responsabilités, mais de ce que la responsabilité du locuteur est complexe et demande, pour être décrite, d’être décomposée. C’est à nouveau à la polyphonie sémantique que l’article s’intéresse, en présentant les réponses que la Théorie Argumentative de la Polyphonie donne aux questions qu’elle soulève.

Études de cas

  • Nadia Fartas

    Mother Tongue, la contradiction performative

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    L’installation vidéo en trois volets Mother Tongue (2003) de Zineb Sedira se présente comme la mise en boucle minimale d’une anecdote, le récit d’une journée d’école, un souvenir transmis entre trois générations d’une même famille. Il semble que ce soit bien la fabrication d’une mémoire familiale commune, d’une intimité partagée, au-delà de l’apparente factualité qui soit présentée, autant que la représentation d’une rupture entre générations et entre plusieurs langues. Dans ce qui est dit et ce qui est montré, ce passage de la représentation à la présentation est résolu par l’analyse linguistique d’un énoncé, dont la polyphonie annule un supposé paradoxe, au coeur de la définition même du souvenir et de cette étrangeté familière, cette exploration de l’ordinaire menée par l’artiste.
  • Delphine Burguet

    Des voix pour un bilo. L’expulsion rituelle du maléfique à travers les chants polyphoniques

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    A travers cette étude de cas, nous proposons de repérer la fonction sociale de la polyphonie engagée lors des rites d’expulsion ou d’exorcisme effectués à Madagascar. Depuis les plus anciennes descriptions ethnologiques, la participation communautaire par l’exécution sonore et gestuelle est inhérente au rite : la dimension collective est à considérer comme un élément rituel fondamental qui conduit au rétablissement de l’ordre cosmique et par là, de l’ordre social. L’ensemble des acteurs du rite ne se limite pas à la victime, à ses proches et au devin-guérisseur ; les chanteurs, danseurs et musiciens se révèlent des participants actifs dans ce combat mené contre le mal, interprété comme un désordre. La polyphonie et la polyrythmie favorisent la guérison des maux. L’adhésion communautaire par le biais du chant montre l’investissement social engagé dans cette lutte car la maladie, le mal ou le malheur d’un individu ou d’un groupe touche l’équilibre de la communauté toute entière. Les voix, vibrant ensemble, soutiennent le malade, encouragent le devin-guérisseur, expulsent le mal et harmonisent le groupe social.

Articles hors dossier

  • David Christoffel

    L’envers mélodiste d’Unique Eunuque

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    Pour essayer de réaliser ce qui serait une lecture musicale de la poésie de Picabia, il s’agit d’envisager en quels termes et sous quelles conditions le peintre peut revendiquer l’horizon musical de sa poésie et de sa peinture. Après avoir examiné les enjeux qu’il fait porter à la référence à Mendelssohn et l’insistance de Picabia sur l’impossible figurativité de la musique, nous soulignerons comment se joue, dans la réversibilité de la lecture d’Unique eunuque et dans la « densité paratactique » que porte son mélo-vitalisme, l’association de la musique (tant sur le plan formel et dans les décalages de son positionnement générique que d’un strict point de vue thématique), à la déstructuration de la figuration.

Entretiens

  • Brice Gérard

    « Ethnomusicologie et archives sonores » et « Présentation du projet Telemeta ». Entretiens avec Pribislav Pitoëff et Joséphine Simonnot

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    Il existe une relation privilégiée entre l’histoire de l’ethnomusicologie et celle des techniques successives d’enregistrement qui ont permis l’accumulation progressive d’archives sonores. Il nous a semblé intéressant de solliciter des entretiens sur ce thème avec Pribislav Pitoëff et Joséphine Simonnot, de manière à articuler des considérations générales appuyées sur une longue expérience avec la présentation d’une actualité importante dans ce domaine, le projet Telemeta.
  • Igor Contreras, Elsa Rieu

    Pour une histoire culturelle de la musique. Entretien avec Karen Painter

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    Au cours de cet entretien, nous avons interrogé Karen Painter sur son parcours personnel, sur sa vision de la musicologie, mais également sur quelques points fondamentaux de son travail. De ce dialogue émane la figure d’une musicologue soucieuse de replacer l’étude de la musique au sein de la discipline historique, et d’engager son objet dans les débats épistémologiques et historiographiques contemporains.
  • Julien Ségol

    Pour une musicologie de l’analyse plurielle. Entretien avec Jean Michel Bardez

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    Dans cet entretien, Jean-Michel Bardez, président de la Société Française d’Analyse Musicale et professeur d’écriture-analyse-composition au Conservatoire H. Berlioz (Paris X), développe un point de vue original sur l’état disciplinaire de la musicologie contemporaine. Il propose une réflexion sur le statut et la place de l’analyse dans le double champ de la recherche et de la pédagogie en conservatoire. Cette réflexion est l’occasion de revenir sur l’évolution de sa conception d’un « espace musical ouvert » - un véritable plaidoyer pour le dialogue des disciplines et l’affirmation d’une responsabilité croisée des enseignements artistiques et scientifiques sur le plan institutionnel.

Comptes-rendus de lecture

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